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Page:Maxine - Moment de vertige, 1931.djvu/229

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MOMENT DE VERTIGE

ne vous dites pas que je suis volage et inconstante… je croyais aimer André, l’aimer d’amour ! Je me sentais heureuse auprès de lui et je le trouvais si bon, si attentif, si tendre pour moi… et toujours si respectueux, si correct… lorsque j’ai consenti à le suivre, je me disais : je l’aime ! Ça me consolera de le rendre heureux !… Et voilà que dès que j’ai été seule dans le petit salon du train, et que je me suis rendue compte du malheur irréparable de cette folie, la pensée de son amour ne me touchait plus du tout, et même, je redoutais de le revoir… je voulais retarder le plus possible le moment qui nous réunirait… !

— Et depuis ? questionna Noël.

— Depuis ? D’abord, je fus tellement affolée que je ne comprenais pas bien les choses… je me sentais vraiment malade et fiévreuse hier soir !… Depuis mon réveil, j’éprouve une telle sensation de délivrance que j’en ai des accès de joie secrète ! C’est comme lorsque, étant petite, un vilain cauchemar me faisait crier et pleurer dans la nuit… maman venait m’éveiller et je lui disais : Oh que je suis contente que ça ne soit pas vrai !… Est-ce donc que je n’aimais pas André vraiment ?

— C’en est une preuve certaine, car si vous aviez eu pour lui un amour véritable, vous éprouveriez un chagrin terrible… vous vous sentiriez esseulée et vous seriez inconsolable pour vous-même aussi bien que pour lui !