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MOMENT DE VERTIGE

— Mais toi, Nini, reprit Jacques, si nous vendons la maison, que feras-tu ?

— J’ai queuques piasses de côté, dit Marcelline, tandis que de grosses larmes coulaient le long de ses joues ridées, j’m louerai une p’tite chambre aras l’église et quand vous vous marierez, mamzelle Marthe, j’irai élever vos enfants… j’m’engagerai pas ailleurs… et pi, faut pas pleurer tout l’temps pour vous rend e malades tous les deux ! V’la m’sieur Jacques qu’est un homme, à c’t heure et l’bon Dieu est là, quoi !

Lorsque Marcelline sortit de la chambre, Jacques la suivit et Marthe s’installa au pupitre de son père pour écrire à Irène St-Georges.


Un mois plus tard, Jacques et Marthe partaient pour Montréal. Par l’influence de monsieur St-Georges, le jeune homme allait avoir un petit emploi à la banque Anglo-Canadienne[1] Marthe se rendait auprès de sa grande tante, mademoiselle Beauvais de Choiseul, qui la garderait avec elle pour trois mois, le temps d’apprendre ce qui serait nécessaire pour entrer dans un bureau.

Toute frêle dans sa toilette noire, mais délicieusement jolie, Marthe regardait le décor familier qu’elle quittait sous de si tristes circonstances.

  1. Nom fictif.