Aller au contenu

Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
123
sur les bords du nil


j’avais attenté aux jours de Khalid ben Mustapha sur le sandal qu’il dirigeait.

Le Zablié-bey jeta sur moi un foudroyant regard en commençant mon interrogatoire :

« Giaour, quel est ton nom ?

— Kara ben Nemsi.

— Le nom de ta patrie ?

— Djermanistan.

— Où gît cette poignée de terre ?

— Poignée de terre ! Bimbachi, voilà un mot qui prouve ton ignorance.

— Chien ! que veux-tu dire ?

— Le Djermanistan est un grand pays qui compte dix fois plus d’habitants que l’Egypte. Donc tu es un mauvais géographe ; de plus, tu te laisses berner par Abrahim Mamour.

— Ose continuer sur ce ton, giaour, et je te fais clouer par les oreilles à la muraille.

— Eh bien ! oui, je l’ose. Abrahim te dit qu’il a été gouverneur de la province d’En-Nassar. Or le titre de Mamour n’existe qu’en Egypte !

— En-Nassar n’est point en Egypte, dis-tu, giaour ? Mais je connais ce lieu, j’y suis allé, je connais Abrahim Mamour comme mon frère, comme moi-même !

— Tu mens !

— Liez-le ! cria l’officier de police.

— Bimbachi, je brûle la cervelle à qui me touche ; tu mens, je le répète. En-Nassar est une très petite oasis située entre Homrh et Tighert, dans la province de Tripoli. Il n’y a là aucun Mamour, mais un pauvre cheikh qui se nomme en ce moment Mamra ibn Alef-Abouzin ; je le connais parfaitement. Ne jouons pas une plus longue comédie ; laisse-moi t’aider à dépêcher l’affaire. Comment oses-tu rendre tant d’honneur à cet homme et faire asseoir près de toi celui qui devrait être à la place des accusés ! Le crime dont tu me charges, c’est cet homme qui l’a commis.

— Explique-toi, giaour !

— D’abord, je te préviens que j’ai un sauf-conduit du vice-roi d’Egypte et que mon compagnon possède le bouyouroultou du Grand Seigneur ; il est même citoyen d’Istamboul.

— Montrez-moi vos papiers ! »