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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/197

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les pirates de la mer rouge


nous vous connaissons. Répondez à mes questions : si vous dites la vérité, il ne vous sera fait aucun mal ; sinon, tout Arabes et libres que vous êtes, gare au fouet ! »

A cette menace, si blessante pour des Bédouins, nos hommes portèrent la main à leurs poignards et firent mine de se défendre. Je leur montrai les Àteïbeh qui les entouraient d’un cercle infranchissable et dirigeaient sur eux leurs armes.

« Laissez vos couteaux, leur dis-je, et répondez ! Vous avez été envoyés à Djeddah par Abou Seïf ? »

Les brigands hésitèrent encore ; mais, convaincus de leur impuissance, l’un d’eux se décida enfin :

« Oui, grommela-t-il.

— Vous êtes allés prévenir de mon évasion ?

— Oui.

— Avez-vous parlé à votre chef ?

— Oui.

— Où l’avez-vous vu ?

— A la Mecque.

— Vous êtes allés jusqu’à la Mecque et vous voilà déjà de retour ?

— Nous avons loué des chameaux de course.

— Combien de temps Abou Seïf doit-il encore rester à la Mecque ?

— Peu de temps ; il va se rendre à Teïf, où se trouve le grand chérif.

— Bien, cela suffit.

— Sidi, interrompit Halef, tu ne vas pas laisser courir ces brigands ! Il faut les tuer, pour qu’ils ne fassent plus de mal à personne.

— Je leur ai donné ma parole. Ne les touche pas, suis-moi ! »

Nous remontâmes sur nos bêtes et nous reprîmes le chemin de la ville. Albani restait un peu en arrière ; il avait tiré son grand sabre. Mais je n’en étais point inquiet ; quelques coups de yatagan furent échangés sans grand dommage, pendant qu’on s’emparait des Djeheïne pour les lier et les faire prisonniers. On finit par les hisser sur un chameau, où ils furent solidement attachés. Trois ou quatre hommes de la troupe les conduisirent au camp ; les autres nous suivirent de loin, ramenant Albani.

« Tu les as graciés, me disait Halef, mais ils mourront tout de même !