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les pirates de la mer rouge

— Et après ?

— Après, tu te rendras à l’El Madjen, et tu te prosterneras deux fois devant le Mekam Ibrahim[1]. Il te faudra aussi te rendre à la sainte fontaine du Zem-Zem ; tu y boiras, quand tu auras récité ta prière, autant d’eau que tu voudras. Je te donnerai quelques flacons que tu auras soin de remplir de cette eau, car l’eau sainte est un sûr remède contre toutes les maladies.

« Alors les cérémonies de la sainte Kaaba seront accomplies ; mais il te restera le say (la procession) de Safa à Méroua. Sur la colline de Safa, tu trouveras trois arches ouvertes ; tu te placeras sous ces arches, tu tourneras le visage vers la mosquée, tu lèveras les mains au ciel et tu prieras Dieu de protéger ton retour. Tu feras ensuite six cents pas plus loin, vers Méroua ; en marchant tu rencontreras quatre bornes de pierre ; tu sauteras par-dessus sans interrompre ta course. Quand tu seras près de Méroua, tu réciteras ta prière et tu recommenceras six fois le même trajet. »

Le vieux chef donna alors les instructions nécessaires en ce qui concernait le pèlerinage d’Hanneh ; pour moi, elles avaient peu d’intérêt. Je me retirai dans ma tente. Lorsque Halef vint me rejoindre, il s’aperçut que je ne dormais pas.

« Sidi, me demanda-t-il, qui donc te servira en mon absence ?

— Moi-même. Veux-tu me faire un plaisir, Halef ?

— Oui ; tu sais que je fais tout ce que je puis pour te plaire.

— Eh bien ! rapporte-moi un flacon d’eau de la Mecque.

— Sidi, demande-moi tout ce que tu voudras, excepté cela ; il n’y a que les fidèles croyants qui puissent boire de cette eau. Si je t’en rapportais, rien ne saurait me préserver des feux de l’enfer. »

Halef me répondait avec une conviction si ferme, que je ne voulus point l’induire davantage en tentation. Après une pause, il reprit :

« Si tu voulais, Effendi, tu irais toi-même chercher l’eau sainte.

— Puisque cela est défendu.

— Tu te convertirais à la vraie croyance.

— Laisse-moi en repos, Halef, je dors. »

  1. El Madjen, petit enfoncement revêtu de marbre, d’où Abraham et son fils Ismaël sont censés avoir tiré la chaux qui a servi pour construire la Kaaba. — Mekam Ibrahim, la pierre dont Abraham s’est servi comme de fondation en construisant le bâtiment, la première pierre de l’édifice.