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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/241

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une bataille au désert


le Traveller-Club ; je lui conseillai d’attendre son retour en Angleterre.

Nous renvoyâmes le yacht, et nous restâmes seuls au désert. Lindsay aurait désiré prendre beaucoup de bagages et de provisions. Je lui fis remarquer combien cela deviendrait embarrassant. Il ne fallait pas surcharger nos bêtes ; d’ailleurs, pour bien connaître un pays, il vaut mieux vivre à l’aventure.

« Eh bien ! comme vous voudrez, s’écria mon brave Anglais ; partons, allons commencer nos fouilles ! »

Lindsay avait lu beaucoup de relations et de commentaires sur les fouilles de Khorsabad-Nimrod, El Hather et autres lieux ; le désir de se faire un nom, en enrichissant le British muséum de nouvelles découvertes, était devenu chez lui une idée fixe. Je lui fis remarquer que nous ne pouvions entreprendre nos travaux souterrains sans une permission du gouvernement turc.

« Bah ! repartit l’Anglais, qui ne comprenait pas qu’on pût l’arrêter dans son ardeur, Ninive n’appartient point à la Turquie.

— Ses ruines se trouvent sur un sol dont le Grand Seigneur est suzerain, répondis-je. Il est vrai que le sultan n’exerce ici qu’un pouvoir à peu près nominal ; ce sont les Arabes nomades qui restent les maîtres du terrain, et si vous voulez vous passer du gouvernement turc, il faut au moins vous assurer de bons rapports avec les tribus que nous allons rencontrer ; sans quoi ni vos trouvailles ni votre vie même ne seront en sûreté. C’est pourquoi, tout en vous conseillant de diminuer les bagages, je vous ai engagé à ne point négliger les présents pour les chefs.

— Les étoffes de soie ?

— Oui ; elles ont, dans ce pays, une très grande valeur et tiennent peu de place pour le transport.

— Très bien ! j’ai ce qu’il faut ; mais à quels chefs nous adresserons-nous ?

— La tribu la plus puissante est celle des El Chammar. Elle campe dans les pâturages du sud, sur la pente des montagnes, vers la rive droite du Thathar, assez loin d’ici ; plus près, nous rencontrerons les Obeïd, les Abou Salmoun, les Abou Ferhan, qui émigrent un peu partout, affectionnent une place, puis la quittent, quand leurs troupeaux l’ont épuisée, pour porter leurs tentes ailleurs. Toutes ces tribus vivent dans des querelles per-