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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/288

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une bataille au désert

— Cet homme veut fuir. Arrêtez-le ! »

Je les menaçai de ma carabine, en criant :

« Celui, qui met la main sur moi est un homme mort ! Merci, Zébar ben Houli, pour ta bonne hospitalité, nous nous reverrons. »

Profitant de l’hésitation, je m’élançai dehors. Les Bédouins ne me suivirent pas sur-le-champ ; je pus détacher le cheval de Mohammed, jeter la peau du lion devant ma selle et m’enfuir au galop. En passant près du groupe qui ramenait le lion dépecé, je fus reconnus et salué par des cris affreux : les hommes coururent à leurs chevaux et à leurs armes. Je fuyais toujours. Quand j’eus dépassé les dernières tentes, je remis la bête au trot. Le cheval sentait la peau du lion, cette odeur le faisait frémir, il dressait les oreilles avec inquiétude. Fallait-il donc abandonner mon butin ? En me retournant, je vis tout le camp s’ébranler pour me poursuivre.

Quand le plus avancé de mes Arabes se trouva à une portée de fusil derrière moi, je fis volte-face brusquement. Je visai son cheval, suivant mon habitude ; il roula dans la poussière ; alors je lançai ma monture au grand galop.

Bientôt mes poursuivants se rapprochèrent, mais leurs armes étaient mauvaises, elles ne m’atteignirent pas. Je me retournai de nouveau, visai encore deux chevaux. Ils tombèrent avec leurs cavaliers. Ces gens durent croire à la puissance de mes amulettes ; ils s’arrêtèrent, je fus bientôt hors de leur atteinte.

De peur qu’ils continuassent leur chasse, je pris vers l’ouest pour leur donner le change. Après avoir suivi ce chemin pendant une heure environ, je fis un coude du côté nord, choisissant un terrain pierreux où les pas ne laissaient point d’empreinte.

J’étais vers midi sur la rive du Tigre, près des rapides du Kelab. Ils se trouvent en aval de l’endroit où le Zab el Asfal, l’affluent du Tigre, rejoint ce fleuve ; vingt minutes plus loin se rencontrent les deux chaînes de montagne du Kanouza et d’Hamrin ; de hauts sommets isolés et séparés par deux vallées étroites marquent cet endroit.

La vallée la moins resserrée avait dû être choisie pour le passage des alliés. J’examinai soigneusement les lieux, cherchant à graver dans ma mémoire tous les accidents du terrain ; après quoi je me hâtai de reprendre ma course vers le Thathar. Je