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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/315

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une bataille au désert


de Sar Hassan répétaient l’écho, lorsque Nériglissor et Nabonide avaient chanté leur défaite.

Je m’assis à cet endroit, perdu dans les souvenirs d’un lointain passé, ou parfois distrait par le mouvement de l’actualité.

Je voyais l’ennemi enfler ses outres, les attacher à d’étranges embarcations, monter avec les chevaux sur ces radeaux légers, aborder notre rive. Il me semblait entendre les cris de joie avec lesquels leurs alliés les accueillaient ; puis ils montèrent tous à cheval afin d’exécuter une brillante fantasia. C’était fatiguer inutilement leurs bêtes, et l’on pouvait tirer bon augure pour nous de cette maladresse.

Je restai ainsi une heure au moins. Tous les Obeïd étaient débarqués ; ils s’avançaient en longue file vers le nord.

Il était temps de redescendre ; le moment du combat approchait.

Il me fallait une heure pour retourner d’où j’étais venu, la pente me forçant à mille zigzags. Je n’étais pas loin d’atteindre la vallée, quand j’aperçus au nord de l’horizon un point très brillant, comme si les rayons du soleil se trouvaient vivement renvoyés par un morceau de métal poli. Je fus assez longtemps, même avec ma longue-vue, avant de me rendre compte de la cause de cet effet ; enfin je distinguai, tout près du fleuve, un certain nombre de cavaliers ; l’un d’eux était vêtu de manière à refléter la lumière.

Était-ce un ennemi ? Mais l’ennemi venait par le nord et se trouvait à une distance aussi grande de la cachette de mes gens que j’en étais éloigné moi-même en cet instant. Cependant je redescendis avec mon coursier aussi rapidement que possible. Dès que le brave cheval eut touché le sol de la plaine, il se mit à courir ou plutôt à voler, obéissant à mes excitations.

A peine arrivé près de mes hommes, je les appelai et leur racontai ce que je venais de voir.

Ils se hâtèrent de prendre leurs chevaux ; la moitié de la troupe resta cachée derrière les massifs d’euphorbes ou d’arbres à gomme, l’autre moitié s’avança du côté du sud, dissimulant sa marche derrière les roches. Master Lindsay était à mes côtés, en avant. Nous nous arrêtâmes et attendîmes : ce ne fut pas long ; bientôt le bruit d’une troupe de cavaliers parvint à nos oreilles.