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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/332

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une bataille au désert

Il me sembla que je devais les laisser débattre ensemble les points sur lesquels je venais d’appuyer de mon mieux près de Malek ; je me rendis dans la tente d’ambulance pour porter des dattes et de l’eau aux blessés. Sur mon chemin je rencontrai Halef, qui m’accompagna. Bientôt quelques Abou Hamed me reconnurent et me saluèrent respectueusement ; un peu plus loin, les guerriers des Abou Mohammed m’entourèrent avec mille témoignages d’amitié. Tous les alliés me félicitaient de leur avoir ménagé une si facile et si complète victoire. Je dus aller de groupe en groupe ; plusieurs heures s’écoulèrent avant que je pusse regagner ma tente.

On avait envoyé du monde au campement des Haddedîn, pour donner ordre de transporter les tentes et de rassembler les troupeaux tout près de l’Oued Deradji. La plaine entière se couvrait de troupeaux, et les préparatifs du festin commençaient. Mohammed Emin vint me trouver.

« Ta parole vaut tes actions, me dit-il ; tout est arrangé. Les Obeïd sont mes tributaires, les Abou Hamed payeront la rente aux Abou Mohammed, et les Djouari aux Alabeïde.

— Et à combien se monte l’indemnité exigée ? »

Il me dit le chiffre, que je jugeai très raisonnable. Je me sentais tout heureux de mon influence près de ces chefs ; elle empêchait, au moins cette fois, l’usage des droits barbares que s’attribue ici le vainqueur. De l’esclavage des prisonniers, il ne fut pas même question.

« À présent, reprit le chef, permets-moi une prière.

— Parle.

— Nous allons envoyer chercher la part des troupeaux que nous enlevons au vaincu ; il faut que des chefs prudents et habiles conduisent cette expédition. Moi et le cheikh Malek nous restons à la garde des prisonniers. Il y a trois chefs vaincus à accompagner : celui des Obeïd, celui des Djouari, celui des Abou Hamed. Les cheikh des Abou Mohammed et des Alabeïde sont prêts ; il nous manque un troisième chef ; veux-tu te charger de cette mission ?

— Oui.

— Où désires-tu aller ? choisis.

— Eh bien, j'irai chez les Abou Hamed, je les connais déjà. Quand partirons-nous ?