— Il ment ! » murmura l’un des assistants, auquel l’âge n’avait pas enlevé l’énergie, et dont les yeux brillaient de colère.
Je m’adressai à cet homme :
« Tu dis que je mens ! m’écriai-je. Tes cheveux sont gris et tes épaules sont voûtées par les ans, c’est pourquoi je te pardonne ; mais sur quoi fondes-tu cette parole ?
— Comment les Haddedîn auraient-ils pu faire prisonnières à la fois trois tribus entières ?
— Tu ignores, vieillard, que les Haddedîn avaient de puissants alliés : les Abou Mohammed, les Alabeïde, les Ateïbeh. On vous dira tout plus tard ; sachez seulement que les vôtres ont été cernés à l’Oued Deradji, où ils restent étroitement gardés. Vous n’avez plus qu’à vous soumettre aux conditions des vainqueurs. Halef, remonte à cheval et fais avancer les prisonniers. »
Les vieillards se regardèrent épouvantés ; ils balbutièrent :
« Est-ce possible, seigneur ?
— Je vous dis la vérité. Vos cheikh sont entre nos mains ; si vous ne payez pas la rançon, leurs têtes tomberont.
— Le cheikh Zédar ben Houli est pris ?
— Oui.
— Il est convenu de l’indemnité ?
— Oui.
— Quelles sont les conventions ?
— Vous les apprendrez bientôt ; on va vous amener un de vos chefs et quarante guerriers de votre tribu qui nous suivent.
— Qu’Allah nous protège ! La rançon est-elle forte ?
— Vous le saurez tout à l’heure. Combien comptez-vous de têtes de bétail dans vos pâturages ?
— Nous n’en savons rien.
— Vous mentez ; tous vous connaissez le nombre des troupeaux. Voyons, combien avez-vous de chevaux ?
— Vingt, sans compter ceux des combattants.
— Ceux-là sont perdus pour vous. Combien de chameaux ?
— Trois cents.
— Combien de bêtes à cornes ?
— Douze cents.
— Combien d’ânes et de mulets ?
— Environ une trentaine.
— Combien de brebis ?