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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/345

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une bataille au désert


quelques-unes, ne fût-ce que pour la reproduction. Tu rappelleras aux Haddedîn qu’ils doivent être justes.

— Sidi, ces gens ne méritent aucun ménagement.

— Mais je veux qu’on les ménage ! M’as-tu compris, Halef ? »

Lindsay, qui errait depuis quelque temps alentour, vint me demander si je m’étais informé de l’endroit où il pourrait trouver des ruines.

« Pas encore.

— Surtout n’allez point oublier.

— Certainement non ! Voulez-vous que je vous confie encore une mission ?

— Well ! laquelle ?

— Il s’agit de surveiller les femmes et de les empêcher de quitter le camp.

— Bien ! Si l’une d’elles faisait mine de s’enfuir, il faudrait tirer dessus ?

— Oh ! non, Mylord.

— Que faudrait-il faire ?

— L’arrêter, s’il était possible.

— J’essayerai, sir. »

J’étais persuadé que la vue seule de Lindsay tiendrait en respect toute la population féminine. Son costume gris, ses favoris roux, son étrange figure, devaient le faire passer aux yeux de ces gens pour un être surnaturel et redoutable. Je pris seulement deux guerriers avec moi, puis me rendis sur le bord du fleuve ; le mystérieux îlot émergeait en face, tout ombragé par des roseaux de la hauteur d’un homme au moins ; la forme de l’île était longue et très étroite ; je ne distinguais, même avec une longue vue, aucune trace d’habitation.

« Amenez-moi un canot, dis-je à mes Haddedîn, il y en a sans doute aux environs ; cherchez.

— Où veux-tu aller, Émir ?

— Dans l’île.

— Seigneur, c’est impossible ; le courant est trop fort au milieu, aucune barque n’y résisterait. »

Les Arabes avaient raison ; cependant il existait certainement un moyen d’aborder. J’examinai avec plus d’attention encore tous les détails du lieu, je remarquai que les roseaux étaient couchés et foulés à un certain endroit.