Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/69

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II

sur les bords du nil.


C’était l’heure où le soleil d’Egypte envoie à la terre ses baisers les plus ardents, où tous ceux qu’une absolue nécessité ne chasse point dehors cherchent un peu de fraîcheur et de repos dans les habitations hermétiquement fermées.

J’étais étendu sur un moelleux divan au fond d’un petit logement loué, buvant de l’excellent moka à petites gorgées, humant la délicieuse fumée de ma pipe. Les épaisses murailles, les nombreux vases de terre où s’évaporait l’eau du Nil, tout autour de ma chambre, rendaient l’atmosphère supportable, à ce point que je ne ressentais presque pas le malaise ordinairement provoqué par la chaleur de midi, accablement si fréquent dans ces brûlantes contrées.

Tout à coup la voix perçante de Halef Agha, mon domestique, vint troubler ma rêverie.

Halef Agha ?

Oui, mon fidèle petit Halef, transformé en Agha (Seigneur), Et qui donc lui avait conféré ce titre ? Plaisante question ! Qui, je vous prie, si ce n’est lui-même ?

Nous étions arrivés en Egypte après avoir traversé Tripoli et Koufara ; nous avions visité le Caire, que les Arabes appellent simplement El Masr (la capitale), ou, plus volontiers encore, El Kabira (la cité de la victoire).