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Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/72

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sur les bords du nil

— Son nom ! et pourquoi ?

— Abrahim Mamour ! Mamour signifie intendant d’une province, et je puis t’assurer, Sidi, que mon maître a véritablement gouverné une province.

— A gouverné ! donc il n’est plus en fonction ?

— Non.

— Je m’en doutais ; personne ne le connaît, et moi-même, Halef Agha, le vaillant ami, l’appui de mon seigneur et maître, je n’ai jamais entendu parler de cet homme ni vu la pointe de ses babouches. Va-t’en ; mon Effendi n’a pas de temps à perdre pour toi !

— De grâce, Sidi, montre-moi comment il faut s’y prendre pour parvenir jusqu’à ce grand médecin.

— Connais-tu les mots qui sont la clef d’argent de la sagesse ?

— Oui, j’ai sur moi cette clef précieuse…

— Alors il faut t’en servir. »

J’écoutais avec une certaine surprise, et j’entendis le cliquetis de quelque monnaie.

« Un para ! reprit Halef ; homme, je te dis que le trou de la serrure est trop gros et ta clef trop petite… Impossible d’ouvrir.

— Eh bien ! nous grossirons la clef. »

Derechef un bruit métallique frappa mon oreille : je ne savais si je devais rire ou me fâcher. Ce Halef Agha devenait intolérable. Je l’entendis poursuivre imperturbablement :

« Trois paras. Bien. Seulement on doit encore te demander ce que tu veux obtenir de notre Effendi ?

— Je viens le prier de se rendre chez mon maître avec sa médecine enchantée.

— Vile créature ! à quoi penses-tu ? Pour trois paras irai-je décider mon seigneur à faire usage de cette admirable médecine que lui apporte chaque nuit une fée voilée de blanc ?

— Est-ce possible ?

— Moi, hadj Halef Omar Agha, ben hadj Aboul Abbas, ibn hadj Daoud al Gossara, je te le dis… Je l’ai vue de mes yeux, et, si tu refuses de me croire, cette hamtchilama, cette verge du Nil va t’en convaincre…

— Je te crois, Sidi.

— Heureusement pour toi !

— Je voudrais t’offrir encore deux paras.