Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/101

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Que depuis ce ravissement
Il n’avoit de contentement
Sinon à pleurer son absence :
Ce que toute estonnée oyant,
Pour un refus l’alla croyant
S’elle luy disoit sa souffrance.

Le soir venu, plaine d’ennuy,
Elle se séparant de luy
Essaya d’esteindre sa flame :
Appréhendant que ce berger
Ne voulust pour elle changer
Le désir qu’il avoit en l’ame.

Mais son feu qui se renforçoit
Si violamment la pressoit
Qu’à la fin elle fut contrainte,
Le treuvant seul dedans un bois,
Avec une craintive voix
De luy faire un jour ceste plainte :

– berger, pourquoy me jugez-vous
Que vos yeux si beaux et si doux
M’ont du feu d’amour embrazée ?
Que je meurs, n’osant vous prier
De vouloir pour moy oublier
Celle qui me rend mesprisée.