Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/102

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Vous cognoissez bien que vos yeux
Sont de mon cœur victorieux :
Mais le souvenir de Florize
Vous possédant entièrement
Fait las ! Que trop injustement
Vostre cruauté me mesprise.

Aymer sans espoir de plaisir
C’est nourrir un ingrat désir
Qui ne produit rien que martyre.
Cesse donc de te consumer,
Mon âme, et commence d’aymer
Celle qui pour toy seul respire.

Mieux vaudroit estre sans amour
Que de souspirer nuict et jour
Pressé d’une ingrate souffrance.
Fol celuy qui va chérissant
La douleur qui le va poussant
Au tombeau sans point d’allégeance.

Voy donc, ma vie, si mon cœur
Qui, d’une amoureuse langueur
A souffert la douce pointure,
Peut par amour porter le tien
A s’attacher de son lien
Attaint d’une mesme blessure.