Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/107

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Je sçay que ma condition
Rend honteuse ma passion ;
Mais la cause en est si parfaicte,
Et l’honneur si doux et si cher,
Que je ne sçaurois point cacher
Mon feu sous la cendre secrette.

Si fait ! Je puis dissimuler
Et mesme nier de brusler
Du feu de ton œil qui m’enflame,
Pour empescher que mon jaloux,
M’enviant un plaisir si doux,
Ne tasche d’estaindre ma flame.

J’iray, peignant dedans mes yeux
Un mespris du vainqueur des dieux
Par le pinceau de la feintise,
Insensible à toute amitié,
Fors à celle de ma moitié
Pour qui un feu haineux m’attise.

Ainsi je l’iray decevant.
Mais las ! Je parle avec le vent ;
Vaine doncques est l’allégeance,
Que je vay souhaittant de toy,
Philandre, mon âme, mon roy,
Hé ! Prends pitié de ma souffrance.