Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/128

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En luy l’object de mon desir
Estoit ma vie et mon plaisir
Que mon cœur souhaittoit de suyvre,
Si les destins m’estans amis
Ployables me l’eussent permis,
Aussi m’ennuyoit-il de vivre.

Ores que je revois ses yeux
Brillants en attraits gracieux,
Comme deux soleils sans nuage,
Je sors de ta captivité,
Et r’enchaîne ma liberté
Aux fers de mon premier servage.

Ainsi dit la nymphe, et soudain
Lyridan blessé du desdain
De ces rigoureuses paroles,
Ayant l’œil de courroux ardant,
Repartit en la regardant :
– loin donc, loin, trompeuses idoles.

Mon cœur, foulons sous le mespris
Ces beautez dont tu fus espris,
Encor que j’aye la puissance
De les posséder, toutesfois
Je ne le veux, et ne le dois,
Fol qui recherche sa souffrance.