Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/127

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Ô dieux à tesmoins appelez,
Rivages les plus recelez,
Antres, prez, et douces fontaines,
N’est-il pas vray que mille fois
Sa parjure et trompeuse voix
A promis d’alléger mes peines ?

– que te sert d’invoquer les dieux,
Les antres, les prez, et les lieux
Où je te fis mille promesses ?
Il est vray, tu receus de moy
Pour asseurance de ma foy
Mille et mille douces caresses.

Mais c’estoit par ce que mon cœur
Croyoit Philandre mon vainqueur
Couvert d’une oublieuse lame :
Mais maintenant que son bel œil
N’est point voilé du noir cercueil,
Mon amour esteint se r’enflame.

Si je vivois tant seulement
Pour luy, mon doux contentement,
Avant sa douloureuse absence,
Le revoyant ne dois-je pas
Plustost me donner le trespas,
Que de ne chérir sa présence ?