Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/22

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Plus je desire de le voir,
Alors j’en ay moins de pouvoir,
Et semble qu’avoir ceste envie
Soit un si grand crime commis
Qu’il ne me puisse estre remis
Que par la perte de ma vie.

Hélas ! Si réclamer ses yeux
De mon âme victorieux
Est une offense irrémissible,
Ô dieux ! Pourquoy permettez-vous
Qu’ils luisent si beaux et si doux,
Et que mon cœur soit si sensible ?

Quand premier flamber je les vis,
Mes yeux d’estonnement ravis,
Se pleurent tant à voir leur flame,
Que, sans craindre de se brusler,
Ils firent doucement couler
Mille rayons dedans mon ame.

Encores, pour mieux me dompter,
Amour, hélas ! Fit révolter
Mes oreilles des yeux complices,
Si bien que mes sens mutinez
Semblaient seulement destinez
Pour me traîner à ces supplices.