Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/53

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Je veux donc me paistre de dueil
Jusques au point de mon cercueil,
Puis que telle est ma destinée :
Car à quoy me plaindre des cieux
Si pour me rendre soucieux
La parque est toujours obstinée ?

Peu après, triste et esploré,
S’estant en un bord retiré
Pour entretenir ses pensées,
Voyant le soleil dessus soy,
Il dit : – vis-tu si ferme foy
Ny peines si mal compensées ?

A ces mots, un torrent de pleurs
S’enfanta des tristes vapeurs
Dont il avoit l’ame couverte.
Enfin, voyant le soir ombreux,
Il dit : – combien plus ténébreux
Est mon cœur proche de sa perte !

Aussi tost que le jour ardent
Fut clos au point de l’occident,
Il s’en alla plein de souffrance,
Et bruslé d’un brasier jaloux
Qui, changé bien tost en courroux,
Vainquit sa longue patience.