Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/73

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Mais quand, par le traict de ses yeux
Lasché par mille et mille lieux,
Elle ne vit pas la lumière
De son cher soleil éclipsé,
Son cœur de douleur traversé
Fit de son œil une rivière.

Puis, croisant tristement les bras
Avec un pitoyable hélas !
Elle dit : – ô parque ennemie
Des douces blessures d’amour,
Pourquoy prolonges-tu mon jour,
M’ostant la cause de ma vie ?

Et toy, Amour, qui sçais comment
Je tiens en mon cœur chèrement
Le feu que mon âme dévore,
Que ne viens-tu me secourir,
Me faisant premier que mourir
Revoir le soleil que j’adore ?

N’aguère, je l’avois treuvé,
Et à peu, hélas ! Espreuvé
Le doux bien qui part de sa veuë,
Quand on l’escarte ; mais, ô dieux,
Où ? En quel lieu ? Si c’est aux cieux,
Faites que le regret me tué.