Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/77

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Luy dit : – belle nymphe, quel dueil
Trouble le serain de ton œil,
Et faict ainsi plaindre ton âme ?
Quelle perte afflige ton cœur ?
Amour, sans doute, ton vainqueur,
T’embrase de sa douce flamme.

– vrayment, berger, je ne puis point
Nier que mon cœur soit espoint
Du traict d’une si belle veuë,
Que, quand je vois l’astre des cieux,
Le doux souvenir de ses yeux
Soudain par le regret me tuë.

Mais, que te sert de le sçavoir,
Dit-elle, n’ayant le pouvoir
De donner à mon mal remède ?
Car, Philandre tant seulement
Pourroit porter allégement
Au dueil qui pour luy me possède,

Si la mortelle cruauté
Du fier destin ne l’eust porté
Au dedans du rivage blesme ;
Si bien qu’estant si loing de luy
Je vois qu’un éternel ennuy
Rendra mon infortune extreme.