Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/85

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Mais cent fois en voulant parler,
Ou ma langue penduë en l’air
Par le respect, et par la crainte
N’a peu discourir de mon dueil,
Ou les tristes pleurs de mon œil
M’en ont fait avorter la plainte.

Ores l’excez de mon ardeur
Qui contre-lute la froideur
Dont ton âme est environnée,
Force ma langue d’exprimer,
Que si je vis c’est pour aymer
Ta beauté d’attraits coronée.

Mon cœur blessé de ce doux soin
(ainsi le ciel m’en soit tesmoin)
Ne respire que la tristesse,
Attendant que dans ta prison
Qui tient captive ma raison
La vie, ou la douleur me laisse.

De toy, doux suject de mes maux,
Dépend la fin de mes travaux
Et un commencement de gloire,
Si ton cœur armé de desdain
Ne se veut obstiner en vain
De languir pour une ombre noire.