Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/86

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Ayant ainsi dit, il se teut,
Et la triste nymphe receut
Une si douce playe en l’âme,
Par le doux traict de la pitié,
Qu’elle eut presque autant d’amitié
Comme luy d’amoureuse flame.

Elle dissimula pourtant,
Et ne voulut pas à l’instant
Déceler sa nouvelle prise ;
Estimant que le beau lien
De Philandre méritoit bien
D’avoir plus longtemps sa franchise.

Toutes fois elle répliqua :
– lorsque la parque suffoqua
Celuy qui me rendoit heureuse,
Amour, cause de mon tourment,
Blessa mon cœur si vivement
Que depuis j’en vins langoureuse,

Et ce dueil ne se peut dompter.
Que si je pouvois surmonter
Sa puissance à mon heur fatale,
Je consentirois que ton cœur
Fust du mien le second vainqueur
Allumé d’une flame esgale ;