Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réalités humbles, pittoresques ou grandioses, lui faisait comprendre et aimer la nature, l’intéressait aux aspects changeants de la mer et du ciel, au vol des mouettes sur les vagues, aux jeux du soleil sur la falaise et sur la campagne, aux mille détails caractéristiques du riche pays normand. Et ainsi elle lui laissait pressentir, ce qui fut la grande leçon de Flaubert, que « les accidents du monde, dès qu’ils sont perçus, apparaissent déjà transposés comme pour l’emploi d’une illusion à décrire[1] ».

Pour donner à son fils cet enseignement en action, pour mieux se mettre à sa portée et surveiller toutes ses impressions, Mme de Maupassant s’astreignait à partager les jeux, les promenades et même les plus folles équipées du jeune Guy. Elle aimait à rappeler quelques-unes de ces aventures, où ils se laissaient entraîner tous les deux, également intrépides, également imprudents. Un jour, ils s’étaient promenés sur la plage d’Étretat, insoucieux de la marée montante ; les vagues arrivèrent et leur fermèrent la retraite. La corde à nœuds qui sert à se hisser au haut de la falaise de cent mètres a été retirée. Alors ils se décident à grimper. Mais de gros morceaux de roche se détachent, menacent d’entraîner Mme de Maupas-

  1. Flaubert. Préface aux Dernières Chansons de L. Bouilhet. p. 184.