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chez Guy devenu jeune homme, Flaubert observe et note cette ressemblance physique :

Ton fils, écrit-il à Mme  de Maupassant, me rappelle tant mon pauvre Alfred ! J’en suis même parfois effrayé, surtout lorsqu’il baisse la tête, en récitant des vers[1] !

Mme  de Maupassant se garda bien de contrarier cette vocation littéraire qu’elle découvrait chez son fils. Elle qui avait reçu de ses compagnons d’enfance, Gustave Flaubert, Louis Bouilhet, Alfred Le Poittevin, le respect des lettres, elle qui fut la confidente de leurs premiers rêves et de leurs premières poésies, elle se réjouit au contraire sincèrement de retrouver chez son enfant les émotions et les enthousiasmes de sa jeunesse. Elle l’encouragea, elle le soutint dans la lutte difficile qu’il allait engager ; elle lui épargna cette résistance de la famille qui épuise quelquefois l’énergie et la volonté des jeunes écrivains ; elle l’initia d’abord lentement, le guida avec une attention très avertie, et devint plus tard presque sa collaboratrice.

Avant de lui apprendre à penser, elle voulut lui enseigner à voir. Elle fit pour son fils, lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, ce que Flaubert devait faire un jour pour lui, quand il commençait à écrire. Elle éveillait son intelligence à la vie des choses, fixait son imagination vagabonde sur les

  1. Correspondance, tome IV, pp. 145-146.