ordre, me fît comprendre que le travail continuel et la connaissance complète du métier peuvent, un jour de lucidité, de puissance et d’entraînement, par la rencontre heureuse d’un sujet concordant bien avec toutes les tendances de notre esprit, amener cette éclosion de l’œuvre courte, unique et aussi parfaite que nous la pouvons produire[1].
Au lycée de Rouen, Guy travaillait avec ardeur, et il n’eut aucune peine à en sortir bachelier. Pourtant, la poésie l’intéressait visiblement plus que les études classiques ; et il passa la plus grande partie de son temps à méditer les conseils de Bouilhet et à soumettre à son jugement des pièces qu’il improvisait assez facilement, comme ce copieux discours en deux cents alexandrins qu’il avait composés pour une Saint-Charlemagne[2]. Corrects, mais d’un enthousiasme quelque peu factice, les vers de cette époque ne font guère pressentir encore le talent naissant de l’écrivain. Ce sont, pour la plupart, des vers écrits pour des femmes : telle, l’ « épître à Mme X…, qui le trouvait sauvage », ou la pièce intitulée Jeunesse, qui se distingue plus par l’ardeur du sentiment que par l’originalité de la forme :