Heureux, heureux celui qui peut verser son âme,
Ses inspirations, espoirs, rêves joyeux.
Chagrins et peurs enfin dans le sein d’une femme.
Fleuve où l’on boit des maux l’oubli mystérieux[1].
Ces vers, ainsi que d’autres pièces d’inspiration identique, — notamment Dernière soirée passée avec ma maîtresse, que publia la Revue des Revues[2] — se rapportent sans doute à cette première liaison du jeune homme avec la belle E…, dont Mme de Maupassant parle dans ses Souvenirs[3]. Guy avait dix-huit ans, quand il les écrivit.
Avec le goût cultivé et surveillé pour la poésie, il sentit s’éveiller en lui, vers la même époque, une passion pour le théâtre qui ne devait jamais l’abandonner. Pendant les vacances du lycée, il organisait à la villa des Verguies de véritables représentations dramatiques dont il faisait presque tous les frais, ou de modestes charades qu’il composait et jouait avec ses amis. Ces divertissements ne rappellent-ils pas précisément ceux que Flaubert enfant faisait partager à ses amis Ernest Chevalier, Alfred et Laure Le Poittevin, ces pièces qui se jouaient sur le billard de la vieille maison, à Rouen, ces « matinées », presque classiques, où Molière