Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/60

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Tous ceux qui fréquentaient Maupassant, entre 1871 et 1880, ont gardé le souvenir d’un gai compagnon, matois, énergique et cordial, qui adorait la campagne, les ripailles des villageois, le canotage et les farces[1]. « Son aspect, nous dit l’un d’eux, n’avait rien de romantique. Une ronde figure congestionnée de marin d’eau douce, de franches allures et des manières simples… Nous nous imaginions volontiers que l’insomnie, la dyspepsie et certains troubles nerveux faisaient partie de la dignité de l’écrivain. Maupassant, le Maupassant d’alors, n’avait aucunement la mine d’un névrosé. Son teint et sa peau semblaient d’un rustique fouetté par les brises, sa voix gardait l’allure traînante du parler campagnard. Il ne rêvait que courses au grand air, sport et dimanches de canotage. Il ne voulait habiter qu’au bord de la Seine. Chaque jour, il se levait dès l’aube, lavait sa yole, tirait quelques bordées en fumant des pipes, et sautait, le plus tard possible, dans un train, pour aller peiner et pester dans sa geôle administrative. Il buvait sec, mangeait comme quatre et dormait d’un somme ; le reste à l’avenant…[2]. » E. Zola, qui

  1. Voir surtout les Souvenirs de M. Henry Roujon dans la Grande Revue du 15 février 1904. [Compte-rendu d’André Chaumeix dans le Journal des Débats, février 1904.] — Les Notes d’un ami par Paul Alexis. — Les Souvenirs publiés par Charles Lapierre dans le Journal des Débats du 10 août 1893. — Les Souvenirs de Robert Pinchon en tête du Théâtre de Maupassant, publié à Rouen en 1891.
  2. H. Roujon, loc. cit.