Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/12

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morts n’ont pas cessé de vivre quand des amis ont gardé leur mémoire toujours présente et suivent les entretiens commencés. Toujours sous le charme du regard et du sourire que l’on dit éteints désormais tout en en jouissant encore, les vivants ont en eux plus que l’image du mort et l’écho de sa parole ; ils ont hérité d’une étincelle de cette vie qui semblait achevée et mêlent à leur propre intelligence quelque chose de la pensée de celui qui n’est plus. L’existence continue ainsi d’évoluer, d’un homme à tous les autres hommes, par l’intermédiaire de ceux qui l’ont aimé.

La part d’héritage qui me revient personnellement me crée des devoirs spéciaux et m’oblige à me presser centre le mort, pour ainsi dire, et à l’interroger pour savoir si, dans la publication de cet ouvrage, dont quelques parties ont dû être légèrement remaniées, je suis toujours resté fidèle à la pensée de l’auteur. Ai-je toujours bien compris les passages douteux et modifié d’une touche assez délicate les phrases du manuscrit qu’il était nécessaire de changer ? Si mon ami revenait maintenant, me donnerait-il le témoignage d’avoir été fidèle ? J’ai, du moins, fait mon labour avec conscience, comme si mon ami eut toujours été présent à mes cotes, et pénètre du sentiment que je travaille aussi pour les hommes d’étude. Je sais que l’ouvrage de Léon Metchnikoff