Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/149

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aussi bien que la vallée du Nil, est protégé contre l’action des périodes glaciaires et, bien plus que l’Égypte, menacé par les envahissements de la chaleur tropicale. Pourtant, je ne crois pas qu’un seul de nos indianistes sérieux admette, pour la civilisation aryenne du pays des cinq fleuves, une origine antérieure à douze ou au plus quinze siècles avant Jésus-Christ. L’éveil de l’Inde à la vie historique aurait donc eu lieu moins de 8000 ans après l’année la plus chaude et plus de 3000 avant l’année la plus froide de l’hémisphère boréal. On pourrait répondre, il est vrai, que les Aryas de l’Hindoustan, proches parents de ces Iraniens qui vinrent, beaucoup plus tard, se mêler glorieusement aux destinées de la Mésopotamie, avaient fait un stage de plusieurs siècles dans la région bactrienne, antérieurement à leur apparition sur les bords de l’Indus. Mais alors, chose absolument incompatible avec la théorie thermique, tandis que, de par la précession des équinoxes, les années deviennent plus chaudes dans les zones du nord, la civilisation aryenne émigre de la Bactriane (isotherme actuel, 18°), vers les vallées indo-gangétiques (22°) ; plus tard, elle s’achemine vers le Dekkan (26°)[1] pour gagner, en dernier lieu, un de ces « enfers » de l’équateur thermique dont la température moyenne annuelle est aujourd’hui de 28°. On pourrait en dire presque autant de la civilisation chinoise dont, même si l’on adopte la

  1. Isotherme de Delhi.