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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/156

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commerce pour une tribu policée et, plus tard, sera peut-être changé en un simple canal d’irrigation, dont l’homme réglera la marche à son gré. Telle montagne, que parcouraient seulement les pâtres et les chasseurs et qui barrait le passage aux nations, attira dans une époque plus civilisée les mineurs et les industriels, puis cessa même d’être un obstacle, grâce aux chemins qui la traversent. Telle crique de la mer où se réunissaient les petites barques de nos ancêtres est délaissée maintenant, tandis que la profonde baie, jadis redoutée des navires et protégée désormais par un énorme brise-lames construit avec des fragments de montagnes, est devenu le refuge des grands vaisseaux… Ce changement graduel dans l’importance historique de la configuration des terres, tel est le fait capital qu’il faut bien garder en mémoire… En étudiant l’espace, il faut tenir compte d’un élément de même valeur, le temps[1]. »

Nous ne sommes donc point les défenseurs de ce « fatalisme géographique » qui prétend, à l’encontre des faits les mieux établis, qu’un ensemble donné de conditions physiques puisse ou doive jouer invariablement, partout et toujours, un rôle identique dans l’histoire. Non, il s’agit simplement de voir si la valeur historique, variable dans le cours des différents milieux géographiques, ainsi que d’éminents géographes l’ont bien démontré dans nombre de cas

  1. Élisée Reclus, Nouvelle Géographie Universelle, t. I.