Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/170

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changé, l’Égypte se démet de ses fonctions ; on la voit succombant peu à peu sous les conquêtes persane, macédonienne, arabe, turque, tandis que de nouveaux venus recueillent le précieux héritage si péniblement accumulé par elle.


Laissons les trois autres grandes civilisations fluviales travailler de longs siècles avec plus ou moins de succès, pour s’adapter peu à peu à des milieux qui se transforment : la seconde période de l’histoire universelle vient de s’ouvrir sur les rives de la Méditerranée. Déjà nombreuses sur le littoral syrien plus de dix siècles avant l’ère chrétienne, les villes phéniciennes colonisent les îles de la mer intérieure et bordent de leurs factories puissantes les côtes de l’Afrique septentrionale : elles fondent Leptis la Grande, Hadrumète, les deux Hippo, franchissent les colonnes d’Hercule, débarquent à Cadix, vont aux Canaries[1]. Carthage, la Ville neuve[2]

  1. D’après M. d’Avezac (les Îles africaines), Ténérife serait la dernière des colonnes d’Hercule. Strabon dit que les Phéniciens connaissaient déjà les îles Fortunées. Le périple du Carthaginois Hannon fait mention de l’île des Parfums, d’où s’écoulaient vers la mer des courants embrasés et que dominait le Theon Ochema, le Char des dieux (pic de Teyde ?). Le nom de Junonia, donné à l’île de Ténérife par Ptolémée, fait présumer qu’elle avait été consacrée à la Carthaginoise Tanith, identifiée par les Romains avec Junon. Mais le Theon Ochema de Hannon pourrait se rapporter aussi au pic de Kameroun, et, dans le périple carthaginois, il est formellement question de gorilles ou de chimpanzés, singes anthropomorphes qui ne se rencontrent pas au nord du golfe de Guinée.
  2. Kart, ville, hadacht, nouvelle, dont les Grecs firent Carchedon, et les Romains Carthage. Telle est l’étymologie