Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’étude du Périple anonyme du Ier siècle de l’ère chrétienne, a permis au colonel Yule[1] de tracer à peu près les voies que, sous les césars, suivaient les navigateurs grecs depuis la mer Érythrée jusqu’à la mer de Tsin ; un siècle plus tard, Claude Ptolémée distingue nettement le pays de Tsin ou Sinæ, c’est-à-dire la Chine, que l’on atteint par mer, du pays des Seres, c’est-à-dire de cette même Chine qui envoyait à Rome ses soies et ses étoffes par la route continentale de la Bactriane.

Pendant que l’expansion de l’Occident vers l’Orient retardataire continue ainsi jusqu’au début même de l’ère moderne, l’Inde et la Chine sont encore isolées l’une de l’autre et semblent pendant de longs siècles s’ignorer complètement. Tout ce que l’on sait des prétendus voyages de Lao-tsé, le grand idéaliste chinois, n’a qu’une valeur légendaire, et, fussent-ils réels, ce serait simplement un fugitif épisode. Les Chinois ne comptent dans l’histoire que depuis la fin du IIIe siècle avant Jésus-Christ, quand leur empire fut absorbé par la royauté des Tsin ; alors même ils ne se dirigèrent pas vers l’Hindoustan, dont ils semblaient ne point connaître l’existence, mais vers la Sogdiane et le pays des Ta-Van (Bactriane), par la vallée du Tarim, et en contournant par le nord-est Pamir, le « Toit du Monde ». L’Inde resta absolument étrangère à cette communion première de l’Orient et de l’Occident.

  1. Proceedings of the R. Geographical Society, 1882.