Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

depuis la plus haute antiquité ; l’Oxus (Amou-daria), et le Yaxarte (Sir-daria). Dès que l’un et l’autre ont perdu leur caractère de torrents de montagne, ils entrent dans le lit de cette autre mer desséchée qui, à l’époque tertiaire, séparait l’Europe de la Sibérie. Leurs eaux, rendues paresseuses par le peu d’inclinaison du sol, filtrent peu à peu dans les sables du désert, et, de siècle en siècle, changent de direction. Autrefois elles arrivaient à la Caspienne ; elles n’atteignent plus que la mer d’Aral.

Ce haut plateau de l’Asie centrale et son annexe d’au delà l’Oxus, font-ils partie du territoire des civilisations fluviales ? La réponse n’est point facile, et, à certains égards, ces contrées mériteraient plutôt le nom de « région des grandes barbaries historiques ». En effet, tout en longeant les frontières septentrionales d’anciennes et glorieuses civilisations, tout en empiétant sur leur sol par la Sogdiane et la Bactriane, elles n’en sont pas moins restées jusqu’à ce jour le domaine par excellence de la vie nomade et pastorale. Les cavaliers mongols et turkmènes ont fait plus d’une incursion dans les annales du monde, mais leur brusque apparition sous Attila, Djenghiz-khan, Tamerlan, aux temps obscurs des migrations préhistoriques, aussi bien qu’aux siècles de notre histoire, a toujours présenté le caractère de razzias barbares et de meurtriers cataclysmes.

Pourtant, à une époque indéterminée, antérieure aux origines de la civilisation aryenne dans le Pandjab, le pays situé entre l’Hindou-kouch et la