Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/208

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chaldéen. Mais si l’avènement des Iraniens inaugure peut-être une ère nouvelle de l’histoire générale de l’Occident[1], il n’ajoute pas d’autres domaines au territoire des civilisations primaires. Géographiquement, l’Iran n’est qu’un couloir, un passage entre la Bactriane et la Mésopotamie, l’Asie antérieure et l’Inde[2] ; historiquement, Mèdes et Perses s’y sont à peine arrêtés dans leur marche vers la « région des fleuves ».

Il y a plus : ce pays ultra-continental a été, dans l’histoire de l’Ancien Monde, une méditerranée véritable, mais la plus ingrate entre toutes : nous avons vu, en effet, que par cette voie si ardue la Chine est entrée en contact avec les peuples occidentaux. Confiné sur les rives de ce grand océan Pacifique aux mers bordières battues par les tempêtes, séparé de l’Inde par plusieurs rangées de chaînes inaccessibles, le Céleste Empire aurait été condamné à un isolement presque absolu, s’il n’avait eu, derrière lui, ces âpres chemins continentaux du Tibet et de la Mongolie. Si l’évolution historique de la Chine a été tellement lente qu’en regard des progrès rapides de l’Occident elle a paru souvent immobile, c’est que, dès le début, son cours normal s’est dédoublé, une partie se dirigeant vers les mers orientales,

  1. Il marque surtout une date importante dans l’histoire des races, puisque, depuis Cyrus, les Aryens acquirent une grande prépondérance dans le monde occidental ; pourtant, durant plusieurs siècles, les Sémites leur disputèrent encore la suprématie.
  2. Cf. Élisée Reclus, Nouvelle Géographie universelle, t. IX.