Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/211

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historique. Par quelle agence mystérieuse le territoire, unique au monde, où se développèrent les premières civilisations, a-t-il produit ces puissantes despoties qui transformèrent en nations des tribus, des peuplades éparses appartenant aux races et aux familles les plus différentes : Aryas et Sémites, Libyens au teint rosé, Kouchites à peau plus noire que les nègres, Touraniens, Chinois, Dravidiens, etc.

Nous ne saurions chercher le secret de ces destinées dans les conditions de climat, très loin d’être les mêmes pour les diverses parties de ces vastes régions. Le ciel de la Mésopotamie ne ressemble pas à celui de la vallée inférieure du Nil, et entre l’Inde védique et le bassin moyen des fleuves historiques de la Chine, les isothermes annuels s’écartent à peu près de 15 degrés. L’Afrique méditerranéenne, de la Cyrénaïque aux rivages atlantiques du Maroc, est comprise entre les isothermes de 25° et 20° (et pour maint endroit, 19°, 18°, 17°), qui limitent aussi la zone des trois principaux foyers de l’antique civilisation, l’Égypte, la Mésopotamie et le bassin indo gangétique ; la modeste chaîne des montagnes dites libyques, à l’ouest de la vallée du Nil, n’en interrompt pas moins brusquement, par environ 25° de longitude orientale de Paris, le territoire des formations historiques primaires. L’Europe, jusqu’à l’Angleterre et à la moitié méridionale de l’Irlande, appartient à la zone isothermique comprise entre 20° et 10° qui, vingt siècles plus tôt, possédait déjà des foyers de civilisation dans la