Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/222

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De plus, et ceci semble prouver que Ptolémée ne cherchait pas ses renseignements dans les nombreuses légendes et les récits fantaisistes du temps, il fait passer les six rivières qui, suivant lui, formaient le Caput Nili, par deux grands lacs situés au couchant et au levant l’un de l’autre (le Tanganîka et le Victoria-Nyanza)[1]. En somme, la notion qu’il nous a laissée du grand fleuve n’était guère moins éloignée de la vérité que celle de Speke et de Grant, lorsque, il y a plus de vingt-cinq ans, ils dissuadèrent Mlle Tinné de continuer son voyage, car, disaient-ils, ils s’étaient assuré, de visu, que le Nil prend sa source dans le grand Nyanza. Toutefois les brillantes découvertes de ces deux officiers suffisaient pour résoudre la question des versants africains, et c’est en vain que Livingstone poursuivait ses recherches des origines du Nil dans ces dépressions lacustres du Bangouéolo qui appartiennent au bassin du Congo, ainsi que Stanley devait bientôt après[2].

En regard des idées à peu près vraies de Ptolémée, voyons quel était, aux derniers temps de l’empire pharaonique, le résumé de la sagesse égyptienne au sujet du grand mystère de la « Tête du Nil ». D’après

  1. Ou peut-être le M’voutan Nzighé, le lac Albert qui, effectivement, appartient au bassin du Nil ; mais la description de Ptolémée est trop peu précise pour que l’on puisse avoir quelque certitude à ce sujet. Le géographe ne connaissait ces lacs que par Marin de Tyr, qui, lui-même, avait dû en apprendre l’existence de la bouche d’un certain Diogène ayant visité l’Afrique centrale vers l’an 100 avant Jésus-Christ.
  2. Cf. H. Stanley, Comment j’ai retrouvé Livingstone.