Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/23

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l’abondance et la chaleur en hiver malgré le manque de récoltes, la neige et les glaces ; d’autre part, il accroît indéfiniment les points de contact avec la nature, et mille choses qui lui étaient jadis inutiles lui sont devenues nécessaires.

Il en est des fleuves comme de tous les autres organes du grand corps planétaire. La valeur de chacun d’eux diffère singulièrement dans l’histoire de l’humanité, suivant la zone dans laquelle se développe leur cours, les conditions physiques de leurs rivages et l’état social que l’action antérieure des milieux a valu aux populations riveraines. En premier lieu, tous les fleuves qui parcourent des terres gelées pendant une grande partie de l’année et dont le cours est complètement interrompu par les glaces de l’hiver, tels que le Petchora, l’Obi, le Yénissei, la Léna, le Mackenzie, coulent, pour ainsi dire, en dehors de la zone historique : c’est au domaine de la géographie physique seulement qu’ils appartiennent. De même, dans la zone tropicale, celle où les difficultés de la vie n’ont pas été suffisantes pour aiguiser les énergies de l’homme et où, par conséquent, les populations ne se sont guère élevées au-dessus de l’état de nature, les fleuves n’ont eu qu’un rôle très secondaire dans les annales de l’humanité : c’est ainsi que le plus grand courant du monde, la « rivière des Amazones », qui roule à elle seule dans son lit plus du dixième des eaux pluviales du monde,