Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/230

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barras » ou sedd déjà mentionnés. « Au sortir du M’voutan-Nzighé, le fleuve est d’allure tranquille, et, large de 500 à 2000 mètres, il serpente en longs méandres entre deux rives verdoyantes. Dans le milieu du chenal, l’eau est profonde de 5 à 12 mètres, et de gros bâtiments pourraient, en toute saison, desservir les escales riveraines jusqu’à 200 kilomètres en aval du lac ; des îles boisées et des îlots, s’élevant hors de l’eau comme des bouquets de papyrus, bordent les rives ; souvent, surtout au commencement des crues, on voit des îles flottantes passer au fil du courant. Les matériaux originaires de ces îles consistent en traînées de feuilles et de roseaux qui viennent s’échouer sur des fourrés de hautes herbes aquatiques, se raidissant sous l’effort de l’eau comme des cordes d’ancre. Ces débris de plantes se décomposent et forment une première couche de terreau flottant qui ne tarde pas à se couvrir de végétation… Il arrive souvent que les débris végétaux s’accumulent en assez grande quantité pour que les masses flottantes prennent racine çà et là au fond du lit fluvial, et l’on a vu, dans le bassin du Nil, des rivières entièrement recouvertes par ces planchers mobiles et élastiques, sur lesquels se hasardent même les caravanes. C’est à la formation rapide des îles d’herbes que le Nil doit d’avoir été fréquemment bloqué dans cette partie de son cours, et forcé de se creuser de nouveaux lits. Dans les plaines qui s’étendent à l’ouest du Nil actuel, on remarque,