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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/232

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Un reste de lac, le No (Birket-el-Ghazâl), emplit encore une cavité de l’ancienne dépression, mais, sous l’action des courants, des crues, des apports, cette nappe d’eau, marécageuse sur les bords, change incessamment de forme… Sur toutes les cartes originales, les contours en diffèrent ; elle paraît diminuer maintenant, colmatée par les apports continuels du fleuve et des rivières ; en 1840, lorsque d’Arnaud en dressa la carte, c’était un bassin très considérable.

« Le Joug des Rivières est la partie du fleuve où les végétaux barrent le plus souvent le passage ; les îles flottantes qu’apportent les courants et les bayous latéraux, s’arrêtent aux brusques tournants et s’étendent, de rive à rive, en un radeau mobile. Arrêté par l’obstacle, le fleuve se déplace, mais d’autres sedd, retenus par des fourrés d’ambatch (plante ou bois plus léger que le liège), viennent bloquer le nouveau lit… Terre qui se forme, la couche de débris finit par se consolider ; elle se recouvre de papyrus, même de végétation arborescente, et des forêts croissent au-dessus d’un fleuve caché, qui continue lentement son cours dans ses profondeurs. Des familles nombreuses de la tribu des Nouêr installent leurs campements sur le tapis d’herbes flottantes, se nourrissant uniquement des poissons qu’ils pêchent en perçant le sol et des graines d’espèces diverses de nymphéacées. Sur les berges du fleuve et des marais, se voient en certains endroits des myriades de buttes argileuses élevées par les termites, et toutes assez