Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/244

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lions des malheureux. S’il décroît, dans le ciel les dieux tombent sur la face, les hommes dépérissent. Il a fait ouvrir par les bestiaux la terre entière, et grands et petits se reposent…. Se lève-t-il, la terre est remplie d’allégresse, tout ventre se réjouit, tout être a reçu sa nourriture, toute dent broie. Il apporte les provisions délicieuses, il crée toutes les bonnes choses, le seigneur des nourritures agréables, choisies ; s’il y a des offrandes, c’est grâce à lui. Il fait pousser l’herbe pour les bestiaux, il prépare les sacrifices pour chaque dieu. L’encens est excellent qui vient par lui. Il se saisit des deux contrées[1] pour remplir les entrepôts, pour combler les greniers, pour préparer les biens des pauvres. Il germe pour combler tous les vœux sans s’épuiser ; il fait de sa vaillance un bouclier pour les malheureux. On ne le taille pas dans la pierre ; les statues sur lesquelles on place la double couronne, on ne le voit pas en elles ; nul service, nulle offrande n’arrivent jusqu’à lui. On ne peut l’attirer dans les sanctuaires ; on ne sait le lieu où il est…. Point de demeure qui le contienne, point de guide qui pénètre en son cœur… Tu as réjoui les générations de tes enfants ; on te rend hommage au sud, stables sont tes décrets, quand ils se manifestent par devant tes serviteurs du nord. Il boit les pleurs de tous les yeux, et prodigue l’abondance de ses biens[2]. »

  1. L’Égypte memphite et la Thébaïde, symbolisées par la double couronne mentionnée plus loin.
  2. Papyrus Sellier, trad. G. Maspero.