le Danube et même sont près de deux fois supérieurs au Nil. Dans le circuit atmosphérique et fluvial, c’est la mer Noire qui, par les pluies et le lit de l’Euphrate, se déverse incessamment dans le golfe Persique[1]. »
Au lieu de créer un infranchissable rempart entre la Mésopotamie et les pays pontins et caucasiens, les massifs de l’Arménie ne sont donc, en réalité, qu’un immense barrage interceptant, au profit de la région tigro-euphratienne, les vapeurs fécondantes de la mer Noire et de la Méditerranée. La configuration du sol est sensiblement la même en deçà et au delà de l’Anti-Caucase, et, pour trouver une véritable limite naturelle, il faut arriver au littoral du Pont-Euxin, aux grandes chaînes du Caucase et aux rives de la Caspienne. Si les escarpements des Alpes d’Arménie sont arides, abrupts et dénudés, les vallées qui serpentent entre ces massifs rayés de neige et vêtus de laves, et les terrasses qui descendent en échelons au sud et au sud-est de l’Ararat — le Masis des anciens — peuvent compter au nombre des contrées les plus favorisées de la nature. C’est, par excellence, un pays de contrastes, aux hivers aussi froids que ceux de Moscou, aux étés plus torrides[2] que ceux de mainte région tropicale. Aussi la végétation alpestre vient-elle s’y mêler avec la flore