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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/318

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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES

et de pierreries, s’enorgueillissant de leur force…, peuple riche en troupeaux, industrieux, habile à faire des chars et des vêtements, paré de bijoux[1]. Mais ce n’étaient certes pas des barbares, au temps où ils composaient les premiers chants védiques ! Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’antiquité, on les voit connaissant l’agriculture et nombre de métiers utiles dont l’exercice est incompatible avec un état rudimentaire de la société : ils sont potiers, tisseurs d’étoffes, forgerons, tailleurs de pierre et de bois, voire même orfèvres[2]. Ils ne combattent pas en sauvages ; ils ont des cuirasses, des chars ; leur infanterie se compose de porte-glaives et d’archers armés de traits. S’ils ne peuplent point encore de villes (les premières cités aryennes ne sont mentionnées que dans les Pourana), la langue védique sait déjà distinguer l’agglomération urbaine, le poura des Dacyous, du village, grama[3]. Même avant l’époque des chants védiques, la famille aryenne était constituée sous une forme que n’a pas dépassée le code romain, fait d’autant plus remarquable que, de nos jours, le matriarcat à l’état pri-

  1. Hymnes du Rig-Veda.
  2. Cf. Birdwood, the Industrial arts of India. « Je suis ouvrier, mon père est médecin, ma mère meunière : nos fonctions sont diverses et nous désirons le gain comme les vaches de l’orge. » Hymne au Soma, cité par Girard de Rialle dans ses Études védiques.
  3. Déjà, dans le liv. I du Rig-Veda. — L’hymne iv du livre II célèbre Indra qui détruit quatre-vingt-dix-neuf villes des Dacyous, réservant la centième à son protégé, l’Aryen Divo-dasa.