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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/320

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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES

Certains indianistes, et plus particulièrement Max Müller, exaltent l’esprit éminemment religieux des Aryas védiques. La plupart des hymnes du Rig-Veda, il est vrai, n’ont été composés que pour implorer ou glorifier les divinités, et celle qu’on célèbre est toujours la plus puissante, supérieure à toutes les autres. Mais il fut certainement une époque où le panthéon des richis (poètes védiques) n’était ni plus peuplé ni plus spiritualiste que celui des Égyptiens, quand, sauf le pharaon, ils ne connaissaient d’autres dieux que le bœuf et le bélier ; pendant de longs siècles, les Aryas du Pandjab adorent seulement Agni, le feu de l’âtre, et Soma, la boisson enivrante. Indra, le feu céleste, l’orage, ne vint que beaucoup plus tard. On trouve, de loin en loin, dans le Rig-Veda, des chants cosmogoniques et des pensées philosophiques, mais ils appartiennent à une époque postérieure comme le 120e hymne du livre X et dernier[1], que H. T. Colebrooke a depuis longtemps signalé à notre attention :

«… Il y avait les ténèbres, et tout était plongé à l’origine dans une obscurité profonde, Océan sans lumière. La semence, qui reposait, encore cachée dans son enveloppe, germe tout à coup par la vive chaleur. Puis vint s’y joindre, pour la première

  1. Les hymnes du Rig-Veda ne sont pas rigoureusement classés par ordre chronologique ; mais, en général, les premiers livres ont un caractère beaucoup plus archaïque que les derniers.