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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

gues attribués à ses élèves et qui dessinent mieux sa personnalité, acquiert certains droits à notre estime par l’absence de toute idée de jonglerie ou de fraude, par son bon sens utilitaire et humanitaire, dédaigneux de toute mystagogie[1]. Mais les Chinois eussent été taillés à rebours de toutes les autres nations historiques, si ces traits de caractère avaient suffi pour lui assigner la première place dans leur panthéon. — Le Sage a été jugé digne des honneurs divins ; son nom est grand dans toute l’extrême Asie, parce qu’il résume une des plus importantes révolutions de l’histoire du Céleste Empire. Par le confucianisme, la Chine est sortie de son état primitif de despotie pharaonique ou fluviale pour inaugurer une nouvelle conception de l’ordre social, une conception humaine et démocratique. S’il eût débuté dans l’histoire avec la constitution que nous voyons aujourd’hui s’affaisser sous le poids des siècles, le « Royaume des Cent Familles » aurait été une négation vivante des lois de l’évolution et du progrès ; mais il n’en fut point ainsi, et, entre la Chine préconfucienne que la littérature historique du Céleste Empire nous a presque entièrement obscurcie, et la Chine classique, celle que les lettrés de l’école de

  1. Interrogé sur la mort par un jeune homme, le Sage répondit : « Tu songes déjà à mourir et tu n’as pas encore appris à vivre ! » À un disciple anxieux des choses d’outre-tombe : « Il est déjà, dit-il, si difficile de connaître ce monde que nous voyons et où nous vivons, comment pouvons-nous connaître cet au-delà dont nul ne nous a rapporté de nouvelles ! »