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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

disparaissait dans l’eau[1]. « Mais les érosions des bords, fait observer M. Élisée Reclus[2], ne sont, pour les riverains, que le moindre des dangers. À un certain point de vue, ils ont encore plus à redouter l’apport des alluvions fécondes qui renouvellent leurs campagnes, car ces terres accroissent constamment la hauteur des rivages : peu à peu des levées naturelles bordent tout le parcours du fleuve ; le fond du lit s’exhausse en proportion, et, quand arrivent les crues, quand l’une des rives est rongée ou surmontée par le courant, un bras nouveau se forme et dévaste le pays… Des auteurs chinois, cités par Karl Ritter, affirment que la surface du courant de crue est de onze tchang (33 mètres) plus élevée que les campagnes riveraines ! L’exagération est grande, mais il est certain qu’un écart menaçant de niveau se produit pendant les crues ; les habitants sont alors obligés de travailler sans relâche à protéger leurs maisons, leurs récoltes et leur propre existence contre le débordement des eaux. »

Ainsi le fleuve Jaune réunit — en les exagérant, pourrait-on dire — tous les caractères des grands fleuves créateurs de l’histoire. Les procédés naturels ont été différents pour l’Égypte, la Mésopotamie et la Chine, mais les résultats sociologiques obtenus sont les mêmes : ici, nous trouvons encore un de ces milieux qui, tout en récompensant d’une main

  1. Journey in North-China, etc.
  2. Nouvelle Géographie universelle, t. VII.