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Dans les phases inférieures de l’évolution, dans ce qu’on appelle improprement la nature inerte ou inanimée, la constitution chimique des corps est relativement simple et homogène ; l’énergie déployée est en raison directe de la masse, c’est-à-dire de la quantité des particules matérielles associées à volumes égaux. Aussi, depuis nombre d’années, les sciences anorganiques ne reconnaissent-elles qu’une seule force, l’attraction moléculaire, qu’une seule loi, la gravitation newtonienne, qu’un seul critérium, le poids. Le gaz le plus « indifférent », l’hydrogène, est en même temps le plus léger, tandis que le carbone, l’élément qu’en chimie on pourrait appeler le plus progressif en raison de son rôle prépondérant dans les combinaisons organiques, dépasse la plupart des autres en pesanteur spécifique.

Dans le domaine biologique, les choses changent d’aspect. La composition chimique des corps devenant de plus en plus complexe et hétérogène, l’intensité de la vie, de la force déployée, ne dépend plus exclusivement de la quantité des molécules associées, mais aussi, et surtout, de leur diversité et de la division de plus en plus parfaite du travail commun entre les parties d’un corps ; l’organisation est d’autant plus élevée, que, à masse donnée, elle développe plus d’énergie vitale. Quelques grammes de substance cérébrale, c’est-à-dire du plus progressif des tissus organiques, sont le siège d’un travail physico-chimique infiniment plus puissant