Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/49

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même, car, pour cette série comme dans toutes les autres, il consiste dans l’intensité et la variété toujours croissantes des manifestations de la vie. Seulement, à partir des organismes polycellulaires les plus simples, la différenciation devient l’indice le plus apparent et le plus certain du progrès : elle l’accompagne fidèlement à travers toute la série biologique et en marque les hausses et les baisses, ainsi que, dans un tube thermométrique, le mercure enregistre les variations de la température. La différenciation atteint son apogée chez les vertébrés supérieurs ; dans l’organisme humain, la division du travail est déjà si parfaite, que les parties constituantes, organes, tissus et cellules, ont depuis longtemps perdu ou abdiqué toute indépendance personnelle, toute possibilité physiologique d’exister les unes sans les autres. Quand une lésion grave atteint l’un de nos organes, non seulement la communauté tout entière se sent menacée, mais les membres non directement intéressés souffrent individuellement et finissent par périr, ne pouvant se passer du travail de la partie détruite ou endommagée.

L’évolution organique ne s’arrête pas chez les bions à cette différenciation parfaite. Les fins de la reproduction des espèces poussent, nous l’avons déjà vu, les vertébrés à former des sociétés ou des individualités collectives d’un ordre supérieur, ces dèmes que les botanistes et les zoologistes regardent comme des individus biologiques ou