Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/51

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sociaux, nous persistions à maintenir la différenciation comme caractéristique du progrès, il faudrait arriver à des conclusions erronées et souvent révoltantes. Ainsi, en appliquant ce critérium biologique au perfectionnement des groupes conjugaux, nous serions logiquement amenés à voir l’idéal de la famille dans les unions que les planteurs blancs contractaient naguère avec les négresses leurs esclaves : les dissemblances natives de l’homme et de la femme se trouvaient là fort accrues par les inégalités de caste, par la diversité de race ; la différenciation était donc à son comble. Dans l’ordre purement social, aussi, nous aurions à regretter le code de Manou, si merveilleusement « différencié » que les diverses conditions y étaient représentées par des variétés ethnologiques correspondantes. Un auteur sérieux, et que j’ai déjà cité, déclare dans un ouvrage récent[1] que le peuple anglais lui paraît être le plus avancé dans la voie du progrès, parce qu’il est « celui où les différences sociales s’accusent avec le plus de netteté, où les dons de la fortune sont le plus inégalement répartis, où l’extrême richesse coudoie avec le plus d’insolence l’extrême misère ». M. Mougeolle, il est vrai, pense atténuer la portée anti-sociale de son enseignement, en ajoutant qu’il y a

    critérium universel du progrès, en le mitigeant toutefois, par l’intégration, con corrélatif : cela lui permet de maintenir un mouvement de bascule entre l’une et l’autre loi : mais on tient peu de compte sur le continent de cette manière de voir chère à l’esprit anglais.

  1. P. Mougeolle, les Problèmes de l’Histoire.